Indian J Med Res 70, September 1979, pp 349-363

 

ESSAIS DE VACCINATIONS PAR LE BCG DANS LE SUD DE L'INDE POUR LA PREVENTION DE LA TUBERCULOSE.


Tuberculosis Prévention Trial, * Madras

Reçu le 1° Août 1979.

L'effet protecteur de la vaccination par le BCG a été évalué dans un échantillon de communauté contrôlé, dans le sud de l'Inde, près de Madras. Après test de sensibilité à la tuberculine et examen radiographique et bactériologique, les vaccins BCG et le placebo ont été attribués au hasard à environ 260 000 individus desquels 115 000 étaient nettement tuberculine- négatifs au moment de la vaccination. Des efforts intensifs ont été faits pour une surveillance régulière du suivi, pour identifier tous les nouveaux cas de tuberculose apparaissant dans la communauté.

Ce rapport présente les conclusions des premiers sept ans et demi de suivi. L'incidence de l'infection était haute dans la population étudiée. Toutefois, l'incidence de la maladie bacillaire était plus fréquente chez les personnes initialement réactives à la tuberculine, spécialement chez les vieilles personnes, que chez les non-réactifs dont la majorité appartenait au groupe des jeunes. La distribution des nouveaux cas de tuberculose bacillaire chez les personnes non infectées au début de l'expérience n'apporte aucune preuve d'un effet protecteur des vaccins BCG.

 

*The Tuberculosis Prévention Trial, Madras, est un projet mené sous les auspices du Conseil Indien Pour la Recherche Médicale en collaboration avec l'Organisation Mondiale de la Santé, et (jusqu'en Juin 1976) le Centre pour le Contrôle des Maladies, Service de Santé Publique Américain, USA. Cet article est une version abrégée d'un rapport détaillé, préparé par le Dr G.V.J. Baily, Directeur de Projet, le Dr Raj Narain, ancien Directeur de Projet, le Dr S. Mayumath, Assistant du Directeur de Projet, Shri R-S.Vallishayee, Statisticien en chef et le Dr J. Guld, consultant. Organisation Mondiale de la Santé. Les investigations bactériologiques ont été réalisées pendant l'expérimentation au Sanatorium des Missions Unies pour la Tuberculose ( Directeur de l'époque: Dr J. Frimodt Môlier), Mandanapaile, Tamil Nadu, et plus tard au Centre de Recherche sur la Tuberculose (Directeur: Dr S.P. Tripathy), Madras.

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------


THE LANCET: 12 Janvier 1980

BCG: Mauvaises Nouvelles de l'Inde

 

L'histoire de l'immunisation contre la tuberculose est un récit de révision, controverse et surprise. Et ainsi cela continue, avec les révélations d'un essai majeur du BCG dans le sud de l'Inde - le plus important essai jamais réalisé avec ce vaccin dans un secteur contrôlé - qui n'a pas prouvé d'effet protecteur de ce vaccin. Ce triste résultat n'est pas sans précédent. Les premières tentatives par Koch et ses successeurs pour traiter des patients tuberculeux avec des injections de bacilles tués, " vieille tuberculine ", se montrairent plus nuisibles que bénéfiques aux patients. Beaucoup moururent des suites de ce traitement. Cet échec conduisit à rechercher un vaccin vivant atténué, pour usage prophylactique, et en fin de compte, à la production en 1921, après 13 ans et 231 repiquages d'un échantillon original de Mvcobacterium bovis. au Bacille Calmette-Guérin. Bien que son effet protecteur n'ait pas été rigoureusement prouvé, ce " BCG " fut très largement utilisé en Europe pendant les années 1920, jusqu'à ce qu'un terrible accident ait lieu à Lùbeck, en Allemagne, où 72 enfants moururent de tuberculose fulminante, quelques mois après l'inoculation, on le suppose, de ce vaccin.

Une enquête révéla que des Mvcobacterium Tuberculosis virulents avaient été gardés dans le même incubateur que le vaccin, et avaient été injectés aux enfants à sa place. Mais cet accident conduisit Calmette à mourir comme un homme brisé, et découragea l'utilisation de son vaccin. Ce n'est qu'après cet événement que les premiers essais bien contrôlés du BCG furent organisés. Huit essais majeurs furent lancés dans les années 1935 - 1955, d'abord aux USA, puis à Porto Rico, en Angleterre, et en Inde. Et leurs résultats variaient de manière frappante et mystérieuse, avec des effets protecteurs (définis comme le pourcentage de réduction de l'incidence de la tuberculose clinique attribuable au vaccin) étalés sur un éventail de zéro à quatre-vingt pour cent. Ces différences ont constitué un défi entre la tuberculose et les autorités vaccinales pendant plus de deux décades, mais sont restées non résolues.

Il y a treize ans, D'ARCY HART passa en revue les preuves conflictuelles sur l'efficacité du BCG, et parla de la nécessité d'une nouvelle expérimentation pour clarifier les controverses non réglées, particulièrement en raison de l'augmentation de l'utilisation du BCG dans les pays développés.

Ainsi s'en suivit le dernier essai indien avec 260 000 participants, organisé avec la collaboration des compétences du Conseil Indien de la Recherche Médicale, de l'OMS et le Service de Santé Public Américain. Mais il n'a pas clarifié -juste l'opposé. Bien que les résultats des sept ans et demi de suivi rapportés dans le Journal Indien de Recherche Médicale soient incomplets, ils sont négatifs - en fait, légèrement plus de cas de tuberculose sont apparus chez les vaccinés que dans les groupes contrôle placebo de taille comparable. Cela ressemble à un effet zéro.

Les faibles performances du BCG observées dans de nombreuses études, ne semblent pas dues à des défauts d'expérimentation. Et son apparente grande efficacité protectrice en Angleterre et Scandinavie a été confirmée ultérieurement par des analyses de documents rétrospectifs. Alors pourquoi ces échecs ? Sont-ils dus à des différences dans les souches vaccinales, à des différences immunogénétiques entre les populations-hôtes, à des particularités des souches locales sauvages de Mycobacterium Tuberculosis, à la présence de réactions croisées avec des Mycobactéries atypiques, au degré d'exposition au Mycobacterium Tuberculosis des populations soumises à l'essai, à la dénutrition, à des infections intercurrentes, ou à quelque facteur de risque auxiliaire ? Chacune de ces possibilités a été suggérée comme explication des essais antérieurs.

Traduction Dr Philippe STURER - 24 Rue de l'Escoutadou - 34 070 MONTPELLIER

 

--- Retour ---

 

 


--- Retour Accueil ---